Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/118

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habitudes et sans les aimer le moins du monde. Des ambassadeurs venant annoncer les changements de domination et d’autres événements d’une vie perpétuellement agitée étaient logés, défrayés et présentés par les « très sages » magistrats du Conseil, par les nobles des châteaux et par les dignitaires magyars de la province. Bien que l’occupations par les Turcs de la rive gauche du Danube, avec tous les gués importants, eût réduit sensiblement un commerce jadis florissant, on rencontrait journellement dans ces villes allemandes du roi de Hongrie, à côté des Grecs, des Arméniens, des Turcs même, les marchands va-laques et moldaves, qui, s’ils n’apportaient pas toujours les épices et les riches étoffes de l’Orient, nourrissaient la nombreuse population des villes avec les poissons du Danube et les bœufs de la Moldavie, sans compter qu’ils vendaient la cire, le miel, les peaux, le sel et autres produits des deux principautés.

Dans ces conditions, la vie roumaine des villages transylvains devait, non seulement se maintenir, mais progresser aussi, comme organisation et comme conscience de race. Il suffisait à un Voévode de faire flotter une seule fois ses drapeaux à l’aigle valaque ou au bison moldave pour s’en convaincre, s’il n’avait pas, du reste, passé dans cette contrée ses années de refuge et de misère. Il n’était pas le seul à savoir ce que voulait instinctivement cette population si nombreuse et si profondément attachée à sa langue, à sa religion et à ses coutumes. « Certains Valaques », écrivait, en parlant de Rares, un clerc hongrois bien renseigné sur les affaires de Transylvanie, « possèdent une grande partie de ce royaume, et, à cause de la communauté de langage, ils se rangeraient facilement à ses côtés ». « Les Roumains de Transylvanie », écrit un autre témoin contemporain, y sont