Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/124

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rêvé d’une domination plus large en récompense do son apostasie, simple Pacha de Silistrie ; le cadet, Etienne, périt par la débauche, comme avait péri jadis, par la cruauté, son homonyme, le fils de Bogdan. Un enfant naturel de Bogdan, Pierre, occupa le trône ; il se fit appeler Alexandre, dit Lapusneanu, surnom qu’il devait à sa mère, femme de Lapusna, sur le Pruth ; il entra plusieurs fois en Transylvanie, mais seulement pour y exécuter les ordres du Sultan, qui voulait y rétablir la reine exilée, Isabelle, et son jeune fils, Jean-Sigismond. Il réclama et obtint, il est vrai, l’emplacement des châteaux sur lesquels avait flotté jadis si fièrement l’étendard moldave ; mais de pareilles annexes n’avaient plus d’importance politique du moment que l’indépendance de la Moldavie, dépouillée et surveillée, venait de sombrer.

Déjà la Valachie avait passé, sous un autre moine paisible, venu d’Arges, Paisie devenu le Voévode Radu, puis sous son fils Petrascu-le-Bon, enfin sous un ancien marchand de moutons à Constantinople, Mircea-le-Pâtre ; elle n’était plus qu’une dépendance chrétienne autonome, vivant d’après ses coutumes archaïques, du grand Empire romain de Soliman-le-Magni-fique. Si Pierre Rares avait été le premier prince moldave nommé à Constantinople, — et encore ce fait était-il dû à un concours exceptionnel de circonstances, et s’agissait-il seulement d’une confirmation, d’une restitution, — Mircea et même, à ce qu’il paraît, son prédécesseur, avaient été choisis par les dignitaires de Constantinople parmi les « fils de princes » qui commençaient à chercher une autre place de refuge que celles de la Transylvanie. Ce sera dorénavant la coutume. Pour la Moldavie aussi, il y eut appel au Sultan et confirmation par la Porte, quand Alexandre le Moldave eut été remplacé par un bizarre aventurier cré-tois qui avait été successivement officier, conseiller