Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/126

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de ses pères, lorsque son concurrent Pierre, fils du « bon » Petrascu, après avoir perdu le Siège princier, eut été traîtreusement noyé dans le Bosphore, lors-qu’enfin Alexandre, petit-fils homonyme du vieux La-pusneanu, qui n’avait régné sur la Valachie qu’autant qu’il fallait pour se gagner le surnom de « Le Mauvais », eut été pendu en habit de parade sur une place de Constantinople, on vit bien quel cas faisaient désormais les maîtres turcs de ces jouets misérables de leur corruption toute-puissante. Celui-là même qui devait faire revivre l’ancienne gloire roumaine, Michel-le-Brave, celui qui devait conquérir la Transylvanie en 1599, commença par acheter à beaux deniers comptants l’appui de l’ambassadeur anglais à Constantinople, Barton, et du plus riche parmi les banquiers chrétiens de la Porte, Andronic Cantacuzène, plus impérial de nom que d’occupations. Son contemporain et son auxiliaire moldave, Aaron, oncle d’Alexandre-le-Mau-vais, n’était que le client des janissaires déchus, qui étaient devenus les créanciers attitrés de ces princes qu’une manifestation de leurs bandes à Constantinople suffisait pour faire rappeler et « punir ».

Cette politique indépendante des Roumains qu’Etienne-le-Grand avait fondée et développée, cherchant à faire des deux principautés, malgré leurs dynasties différentes, un seul et même corps pour les relations avec l’étranger, n’avait pas duré un siècle après sa mort. C’est que le maintien d’un État carpatho-danu-bien sur la base de l’indépendance nationale était impossible, autant par l’étendue disproportionnée de cette ligne du Danube qu’il aurait fallu maintenir contre les attaques continuelles des Turcs, déjà maîtres des hauteurs dominantes de la rive droite, que par les convoitises des voisins chrétiens, qui pensaient à ces pays roumains beaucoup plus pour les envahir que pour les défendre au profit de la chrétienté, et, en dernière