Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pierre-le-Boiteux des concurrents guerriers que le pays appelait de ses vœux. Mais beaucoup d’autres s’en allaient en quémandant, à force de compliments, auprès de leurs cousins de l’Occident, un appui diplomatique à la Porte. Si la plupart échouèrent avant même d’arriver à Constantinople, un prétendant de cette dernière catégorie, venu de l’Occident, Pierre Cercel, fut pendant deux ans prince de Valachie, grâce à l’intervention persistante de Germigny, ambassadeur de France auprès du Sultan. Ancien « mignon » de la cour corrompue des Valois, dont les concetti poétiques conçus dans le meilleur style toscan avaient attiré l’attention de Catherine de Médicis, Pierre Cercel, beau jeune homme aux longues boucles noires et au regard rêveur ; ne se borna pas à envoyer à son ami l’ambassadeur son portrait accompagné de riches présents ; il éleva un palais à Târgoviste, près de l’église princière qu’il releva, et attira auprès de lui des Italiens beaux parleurs, dont il attendait peut-être l’éloge d’un long règne prospère. Captif des Hongrois de Transylvanie, qui le dépouillèrent, il laissa, non seulement le souvenir des modes étrangères qu’il avait adoptées (il portait, comme Henri III, des boucles d’oreille, d’où son surnom de Cercel, mais aussi des beaux canons de bronze, marqués de l’aigle valaque, dont on a retrouvé un fragment.

Toutes ces influences n’auraient qu’un intérêt de curiosité, si les Roumains n’avaient pas été capables de les fondre dans une nouvelle civilisation, digne, comme produit unique du mélange des éléments orientaux avec les éléments occidentaux sur un fond archaïque original, de l’étude la plus attentive.

Le mélange se produisit d’abord dans le domaine politique, puis dans celui de l’art, où des caractères nouveaux apparaissent dès le XVe siècle.