arrachée le plus souvent par l’essor et l’initiative de ces guerriers simples, tout aussi résistants comme fantassins que hardis comme cavaliers. Le prince les faisait assembler une fois par an pour inspecter leur cheval et leurs armes. Après le désastre de Razboieni, une nouvelle noblesse avait surgi de leurs rangs.
Il y avait des serfs, que les Valaques appelaient des rumáni, simples « Roumains », sans qualité sociale aucune, et les Moldaves : des vecini, des « voisins », pareils, en ce qui concerne le nom aussi bien que la situation, aux « parèques » byzantins ; c’étaient des étrangers, appartenant très souvent à une autre race : prisonniers de guerre ruthènes, émigrés szekler, fuyant le servage des princes transylvains, ou colons établis par les boïars sur une terre, à laquelle le rang ne leur donnait aucun droit. A l’imitation des nobles, avec lesquels ils frayaient au-delà des frontières, les boïars du XVIe siècle voulurent rabaisser à cette condition inférieure la grande masse des paysans, libre jusqu’alors. Les serfs de Pologne étaient là pour montrer quel profit on peut tirer d’une classe rurale réduite à l’esclavage, et l’exemple fourni par cette terre d’oppression qu’était la Transylvanie n’était pas moins alléchant.
Déjà une phase plus avancée de la vie économique avait été introduite par un commerce très actif, auquel les paysans, habitués au labeur domestique et aux simples trocs éventuels, étaient restés étrangers. Bientôt on leur demanda de payer en argent comptant ’leur part du tribut, et, comme ils n’avaient pas cet argent, ils vendirent pour quelques centaines d’aspres leur part à l’héritage de l’ancêtre. Pour sceller leur sort, il ne restait plus qu’à les enchaîner par un lien légal au champ qui déjà ne leur appartenait plus et « qu’ils auraient préféré abandonner, au grand dommage de l’acheteur. En 1595, Michel-le-Brave, menacé par les