Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/163

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caractère original de la peinture, d’or et d’azur, qui les recouvrait au commencement, à cet art nouveau, tout de combinaisons ingénieuses, de fines broderies élégantes, qui relevaient la monotonie architecturale des mosquées turques.

Malgré les beautés sporadiques de l’art, ce n’est pas en Valachie que pouvait se former le style roumain. Il devait naître en Moldavie, à l’époque heureuse d’Etienne-le-Grand. Aucun de ses prédécesseurs n’a laissé un monument en pierre qui soit venu jusqu’à nous, bien que sans doute l’ancien couvent d’Alexandre-le-Bon à Moldovita et celui du même prince à Bistrita, où l’on voit encore son tombeau, aux larges fleurons gothiques, aient été sans doute d’une construction plus solide. Etienne fut même le premier à faire poser des pierres tombales, aussi bien à Bistrita qu’à Neamt et à Radauti, sur les lieux où la tradition monastique indiquait des sépultures princières. Cependant, dès ce moment, la Pologne envoyait en Moldavie des artistes, qui rencontraient ceux de la Transylvanie saxonne et des peintres venant de l’Orient, avec leur sobre manière traditionnelle de représenter, dans leurs attitudes figées, les saints hiératiques de l’orthodoxie.

Les nombreuses églises d’Etienne offrent ça et là des divergences. Tel édifice ne porte aucune tour (Reu-seni, Borzesti) ; à d’autres, paraît avoir été annexé un portail gothique à double étage (églises de Mirauti, Parhauti, Balinesti). Mais un type général se dégage des influences orientales et occidentales, qui donne une physionomie spéciale à l’architecture moldave de cette époque ; il devint, tellement elle était appropriée au pays, l’architecture générale roumaine jusque vers la moitié du siècle passé.

La forme en croix, les proportions modestes convenaient à une église destinée aux seuls moines, la distribution