Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/174

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fait, en pénétrant, la hache à la main, dans les rangs ennemis, son devoir de bon chevalier chrétien.

Cette victoire n’empêcha pas cependant l’avance des Turcs ; ils occupèrent Bucarest, dont les églises avaient été mises en flammes par les auxiliaires hongrois de Michel, et Târgoviste, l’ancienne capitale du pays, où fut installé le nouveau commandant impérial de la Valachie, avec ses begs, les soubachis se faisant attribuer les districts qu’ils devaient administrer. Les Tatars se répandirent en pillant dans les villages de la plaine. Des mesures furent prises pour fortifier la résidence du Pacha ; à Bucarest même, le monastère du prince Alexandre Mircea, nommé ensuite d’après le nom de son petit-fils, Radu Mihnea, qui le releva de ses ruines, devint la « palanka », la forteresse du Vizir conquérant.

Michel se trouvait dans la montagne, comme jadis Etienne-le-Grand après la journée de Valea-Alba ; il y trouva cependant les auxiliaires chrétiens qu’avait cherchés vainement son précurseur moldave ; Sigis-mond Bâthory vint en Valachie, non pas en allié, mais bien en maître, et le contingent féodal du Moldave Razvan se joignit aux fantassins saxons, à la cavalerie magyare et aux croisés de Toscane que venait d’envoyer un autre promoteur de la guerre sainte, le Grand-Duc de Florence. Les jours de Nicopolis, des grandes chevauchées chrétiennes parurent revenir lorsque les Turcs furent chassés des deux plus grands centres du pays, pour être rejetés ensuite, après un combat acharné, à Giurgiu, au-delà du Danube rougi de sang. Encore une fois, Michel avait payé de sa personne, jouant avec un mépris supérieur de la mort le grand rôle légendaire que lui imposait l’état d’esprit de son époque.

Peu de temps après, les Polonais intervinrent en Moldavie : le grand promoteur de l’expansion, le chancelier