Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/178

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venir leurs évêques calvinistes dans la Capitale même de la province, à Fehérvâr, où ils avaient leur maisonnette, leur petit jardin et une église de bois pour le nombre restreint de leurs fidèles. Mais tout cela n’influençait guère les masses. De ces tentatives il ne resta qu’un avantage pour la vie spirituelle de ce peuple dont il s’agissait seulement de modifier la dure-âme revêche pour le faire entrer ensuite d’autant plus facilement dans la communauté nationale des Magyars : la religion réformée exigeait l’emploi de la langue vulgaire dans le service divin ; des prescriptions réitérées et soutenues par tous les moyens du pouvoir avaient donc imposé aux prêtres qu’on traînait dans des espèces de conciles populaires, l’usage des livres roumains à la place de ceux de l’époque slavone qu’on ne comprenait plus. On traduisit même du magyar, avec le concours d’un noble de cette nation, Nicolas Forro, une Explication des Evangiles.

Pendant cette phase du calvinisme envahissant. l’État avait imposé aussi l’unité hiérarchique aux Roumains ; ils s’étaient jusqu’alors disputé différents sièges épiscopaux, la concurrence étant continuelle entre celui du Nord, à Vad, dépendant du Métropolite moldave de Suceava, et entre celui du Sud, à Gioagiu, à Prislop, qui avait toutes ses relations avec le Siège archiépiscopal valaque de Târgoviste. On s’habitua donc à avoir, dans la Capitale même du pays, un seul chef religieux, un « Métropolite » local ; et lorsque l’orthodoxie put rentrer, sinon dans ses droits officiels, de l’époque où les princes faisaient sacrer des prélats du rite oriental au-delà des Carpathes et jusqu’à Ipek, au milieu des Serbes, au moins dans sa liberté d’action, le Métropolite, un Gennadius, qui administrait le diocèse transylvain vers 1580, reprit ses relations avec la Valachie, où il s’était fait sacrer, après la nomination par son maître étranger. Au moment où les calvinistes