Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/180

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des chartes de donation, il signait de sa belle écriture élancée, aux traits énergiques comme des coups d’épée, en roumain et en lettre cyrilliques : Io Mihail Voevod, « Jean Michel le Voévode ».

Avec sa pratique byzantine et son intelligence naturelle, avec la finesse de sa race princière, il était trop intelligent pour essayer d’abandonner d’emblée les coutumes d’un pays qu’avaient dominé jusqu’alors les Magyars et les Saxons. Tout en s’attachant les Szekler par le renouvellement de leurs privilèges et en se présentant aux Saxons comme le vicaire d’un souverain de leur race, tout en distribuant enfin largement ses faveurs à l’aristocratie indigène, il tint à continuer cette vie politique de la Transylvanie qui ne le regardait pas moins comme un envahisseur terriblement incommode.

Au commencement de l’année 1GOO, la Cour de Prague, lente et soupçonneuse, attendant des événements ce qu’elle n’était pas en état d’arracher par sa propre énergie, lui fit offrir, par un simple courrier italien, des conditions qu’il s’empressa d’accepter, car il croyait fermement avoir été reconnu comme maître héréditaire, à titre féodal, de sa conquête. Michel désirait aussi avoir les forteresses du Marmoros, le Banat, où fonctionnaient déjà des évèques orthodoxes d’origine roumaine ou serbe, et tout le pays jusqu’à la Theiss. Mais les subsides nécessaires à l’entretien d’une armée de mercenaires tardaient, et déjà Jérémie, le voisin moldave, s’arrangeait pour une attaque prochaine avec Sigismond, réfugié en Pologne, et ses partisans, les nobles de Transylvanie.

Les négociations avec les Impériaux continuèrent, dilatoires, interminables, marquées, du côté de la Cour, par un caractère évident de mauvaise foi. Il fallait « nourrir de bonnes paroles », berner de compliments et de vaines promesses ce Valaque qu’on aurait voulu