Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la littérature religieuse avait été renouvelée par le Moldave Pierre Movila. La « Bible de Serban » fut largement répandue sur tout le territoire habité par les Roumains et elle devint pour les traducteurs et les compilateurs ultérieurs un modèle de la langue cultivée.

Vie de la cour et prestige impérial des principautés roumaines : époque de Constantin Brancoveanu.— A côté de cette littérature au caractère religieux et populaire, qui devait être la source d’un large mouvement de rénovation générale, à côté des dernières manifestations de l’esprit chevaleresque dans la vie politique des Moldaves et des Valaques, qui allait se manifester bientôt seulement par ces cadets de famille suivant tous les drapeaux étrangers, en Pologne, en Moscovie, en Suède, où Sandu Coltea fut un des plus fidèles officiers de Charles XII, il y avait cependant aussi un autre facteur de la vie nationale qui se trouvait en plein développement : l’autorité absolue des princes.

Partant de Radu Mihnea, de Basile Lupu, elle était soutenue par une double influence. D’abord celle des Sultans de Constantinople que ces potentats danubiens, venus de plus en plus de la Capitale de l’Empire, cherchaient à imiter par le faste de leur Cour, par le nombre de leurs dignitaires, officiers et serviteurs, par la splendeur des cérémonies. Mathieu Basarab avait été imposé par les armes des boïars ; mais Basile lui-même, qui s’était réfugié à Constantinople pour échapper aux persécutions de son maître, Moïse Movila, commença son règne dans l’ombre de la Porte ottomane. Georges Etienne et Constantin Basarab, premiers successeurs de ces princes rivaux, durent le pouvoir seulement à la volonté du pays, et tel fut aussi le cas pour Etienne Petriceicu, d’une vieille famille moldave, élu par l’armée, après le refus d’Elie Sturdza ;