Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/211

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fait, conduisaient, au nom du Ban incapable, les affaires administratives à Craïova. Quant au peuple, on l’employait sans ménagement à tous les travaux publics, des routes, des ponts, des casernes ; en même temps qu’on faisait cet appel incessant à ses forces, la défense de faire du commerce avec les Turcs et même avec leurs frères de la « Valachie turque », la dépréciation et l’interdiction de la monnaie ottomane, atteignaient les sources mêmes de ses revenus. Lorsqu’une nouvelle guerre, malheureuse pour les Autrichiens, mit fin à ce régime d’extorsion sans vergogne et d’envahissement maladroit, personne ne regretta ces maîtres chrétiens, « libérateurs » et « civilisateurs », qui ne laissèrent d’autres traces de leur passage que des formes d’organisation administrative et de fiscalité, à la mode du XVIIe siècle, que s’empressèrent d’adopter les princes de la Valachie réunie dans un seul corps par le traité de Belgrade.

Pendant ces hostilités qui durèrent trois ans, la noblesse valaque ne résista pas seulement aux offres, aux promesses et aux menaces des Autrichiens, qui ne rencontrèrent pas même les restes de l’ancien parti favorable à leur domination, mais elle s’empressa d’accourir sous les drapeaux du jeune Constantin, fils de Nicolas Maurocordato, qui en arriva ainsi à se former une vraie petite armée pour soutenir les efforts victorieux des Turcs. Si les Autrichiens avaient occupé certains points importants de la région montagneuse, ils ne purent guère renouveler leurs exploits de jadis.

En Moldavie, en vit réapparaître les Russes, alliés des Impériaux de l’Occident. Une campagne en Crimée, destinée à soumettre les Tatars, avait échoué ; le général Münnich essaya de se refaire sur cette principauté, aux richesses intactes, qu’il croyait prête à renouveler l’aventure, aux suites si douloureuses, de 1711. Après la victoire de Stauceni, il occupa Jassy, que les