Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/210

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allemand s’était formé pour appeler les soldats de Charles VI. Quelques centaines de cavaliers suffirent pour enlever dans sa Capitale ce prince abandonné par les siens ; mais, lorsqu’on essaya du même jeu en Moldavie, où régnait quelqu’un qui, Roumain lui-même, avait de profondes attaches dans le pays, Michel Raco-vita, apparenté aux Cantacuzène, les envahisseurs furent battus par les Tatars appelés au secours, et un monument en ruines rappelle encore la place, sur la hauteur de Cetatuia, au-dessus de Jassy, où fut exécuté comme « chef de bande » leur capitaine. Les Allemands s’étaient rendus maîtres des monastères situés dans les Carpathes ; une expédition des Moldaves et des Tatars réussit à les déloger ; en outre, elle pénétra en Transylvanie jusqu’à Bistritz, cruelle pour les Hongrois et les Saxons, mais, d’après l’ordre exprès du Voévode, pleine d’une fraternelle pitié pour les Roumains de ces contrées où Etienne-le-Grand et Pierre Rares avaient été jadis les maîtres.

L’Olténie, conquise, avait été confiée au fils de Serban, Georges Cantacuzène, qui, ayant espéré devenir Prince, ne fut qu’un simple Ban ; lorsque la paix de Passarowitz reconnut la domination impériale sur les cinq districts, le prince de Valachie resta seulement administrateur du territoire s’étendant de l’Olt au Milcov. Dans la nouvelle « Valachie Autrichienne » commença alors un régime où le manque d’intelligence politique s’alliait à l’avidité la plus éhontée. On toucha à tous les privilèges et à tous les droits : ceux de l’évêque, auquel on donna un autre supérieur, le Serbe de Belgrade, et un concurrent catholique, pris parmi les Bulgares catéchisés par les Franciscains ; ceux des couvents, dont l’autonomie fut attaquée en même temps que les relations traditionnelles avec les Lieux Saints de l’Orient ; ceux des boïars, qui devaient se soumettre à la moindre injonction des officiers allemands qui, de