Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/213

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II, par le partage immédiat de l’Empire ottoman, ramena les hostilités, auxquelles les Autrichiens participèrent aussi.

Déjà, ces derniers s’étaient arrangés pour avoir, sans participer à la guerre de 1769-1774, au moins une large partie de la Moldavie. Par un traité secret avec la Porte, qui s’était laissé amener même à leur payer des subsides, ils avaient obtenu en 1771 la promesse de compensations en deçà des Carpathes. Comme la campagne russe de 1774 finit à l’improviste par un traité favorable aux intérêts de la Russie, Marie-Thérèse, très bien servie par son ambassadeur à Constantinople, Thugut, et par son chancellier, Kaunitz, s’empressa de s’assurer la possession immédiate du territoire qu’elle convoitait. Ce système n’était pas nouveau, car une vingtaine d’années auparavant on avait gagné sur la Moldavie, par un simple « avancement des aigles », tout le district montagneux, du côté des Szekler, que Joseph II déclarait, après son inspection personnelle, être équivalent à deux comtés. On avait parlé alors d’anciennes frontières violées par l’insatiable avidité des mauvais voisins roumains que dominaient les pauvres Phanariotes. Cette fois on invoqua la nécessité d’avoir une route militaire entre la Hongrie et la Gali-cie que, sans plus de droits, on venait de s’annexer aux dépens de la Pologne, sans compter qu’il fallait un « cordon », étendu sur une centaine de lieues de largeur, pour défendre les États héréditaires de l’Impé-ratrice-Reine contre la peste endémique en Turquie. Les dites aigles, que n’arrêta aucune opposition de la part des Russes en retraite, étaient arrivées à Roman, lorsque des négociations furent ouvertes à Constantinople. L’indignation turque fut rapidement étouffée par des présents, assez médiocres, mais distribués à propos. La convention de Palamutca annexa donc à l’Autriche Suceava, l’ancienne Capitale moldave, les