Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/214

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beaux monastères des environs, avec Putna où repose Etienne-le-Grand, Radauti, la première nécropole des princes et la résidence d’un évêque, les vastes territoires des paysans libres du Câmpulung Moldave et du Câmpulung Russe, le gué du Pruth à Cernauti et toute la bande de territoire qui s’étend au Nord du Pruth jusqu’à la rivière du Ceremus (Czeremosz), alors qu’à l’Est la frontière touchait à la forêt de Hotin. Pour faire oublier le passé, on s’empressa de trouver à ce territoire un nouveau nom, celui de Bucovine, emprunté aux forêts de hêtres, et, par des colonisations de Ruthènes galiciens, de Magyars de Transylvanie, d’Allemands, de lui donner aussi un caractère ethnique nouveau.

En 1788, les Russes retardèrent l’invasion de la Moldavie orientale, où l’ancien consul Lachcarev, un Géorgien, allait être associé aux boïars du Divan indigène pour l’administration de la province. Les Autrichiens, qui avaient mis tout en branle par leurs intrigues, se présentèrent, eux-mêmes, sensiblement après que la Russie eut déclaré la guerre ; dans leur zèle d’avoir pour eux les deux provinces, ils s’attaquèrent à Hotin et se saisirent, d’après le système pratiqué déjà en 1716, de la personne du prince, le Phanariote Alexandre Ypsilanti, qui les attendait, du reste, depuis longtemps et avec la plus grande impatience. On ne leur abandonna pas cependant la Moldavie entière, car les Russes passèrent la frontière en juin 1788, et alors les premiers occupants durent se borner à conserver ces districts qui avaient été compris jadis dans le projet d’une Bucovine plus large, de Dorohoiu à Roman et à Néamt ; le siège d’une seconde administration étrangère fut établi à Roman, où commandait le prince de Cobourg, généralissime des Impériaux, alors que Pa-tiomkine, l’ancien amant de Catherine, donnait de brillantes fêtes à Jassy. Il fallut, en automne, une coopération