Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/240

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innovateur qui donna un nouvel essor moderne à la conscience roumaine.

Il avait été question de fonder un journal, et on eut au moins à Bude une bibliothèque de calendriers et de brochures, dont chaque page contenait une réminiscence du passé romain et une indication vers la liberté future. Puis, au moment même où commençait le long conflit entre la Révolution et les Puissances monarchiques de l’ancien régime, un fonctionnaire autrichien, imbu des idées philosophiques, Joseph Mehes (Mehessy), rédigea pour les deux évêques de la nation, le Serbe orthodoxe, qui n’osa pas refuser sa signature, et le somptueux chef de l’Église unie, Jean Bob, une pétition de droits au nom de la nation roumaine, — non de la « nation » dans l’ancien sens du mot, car, malgré les efforts de tout un siècle, on avait constamment refuse de la reconnaître, mais bien de la nation par la grâce de Dieu, par la réalité des choses, par son propre droit naturel, telle qu’elle était proclamée à ce moment, pour tous les peuples, par les révolutionnaires de Paris. Par ce « Supplex libellus », qui provoqua une violente indignation parmi leurs compatriotes privilégiés, les citoyens roumains de Transylvanie, traités trop longtemps de « Valaques tolérés », demandaient que leur liberté, de souche romaine, fût admise par l’Empereur, comme facteur légal du présent ; que ce million de contribuables jouît de tous les droits des Magyars, des Saxons, des Szekler, ces « citoyens » parlant une autre langue dans la patrie commune ; que des comités roumains, pareils aux nouveaux départements de la France et portant des noms étrangers au passé fussent constitués ; enfin qu’une Assemblée nationale choisît des délégués pour représenter désormais les Roumains à Vienne. Malgré les protestations furieuses de la diète de Transylvanie, qui n’était « révolutionnaire » que pour arracher de nouveaux rivilèges