Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/239

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origine, la gloire guerrière et le droit inattaquable des Roumains, sans aucune différence de province. Certains de ces ouvrages, comme celui de Maior sur l’Origine des Roumains en Dacie, put être répandu par l’impression ; les autres circulèrent en manuscrit. Mais, si l’on veut mesurer l’étendue et la grandeur de leur influence, il faut penser à tout l’enseignement scolaire qui fut dominé par les mêmes idées dans les écoles de Blaj ; ces écoles, en plein développement, créèrent l’esprit même des nouvelles générations, au moment où la grande Révolution ouvrait à tous les peuples des perspectives nouvelles.

Pendant cette grande commotion européenne, qui atteignit les Magyars aussi, séduits par l’idée de refaire dans une forme républicaine leur ancien État national, il y eut parmi les Roumains un mouvement semblable. Dans la classe cultivée ne manquaient pas les « philosophes », gagnés par l’esprit nouveau : il faut comprendre dans leur groupe, non seulement des professeurs et des écrivains laïcs, comme le médecin Molnar, fameux oculiste, et comme ce Budai-Deleanu, qui fut, plus tard, sur les traces de Voltaire, l’auteur d’un poème héroï-comique consacré aux exploits imaginaires des Tziganes sous Vlad Tepes de sanglante mémoire, mais aussi tous ces membres du clergé uni qui participaient au mouvement littéraire et scolaire et dont les chefs avaient si rapidement jeté leur froc aux orties. Les jeunes gens qui, avec des subsides de l’Église et sous la protection de la Couronne, faisaient pendant les guerres de la République et de l’Empire leurs études aux Universités de l’Occident, n’en furent pas moins imprégnés ; entre autres, ce Georges Lazar, fils d’un serf du pays de l’Olt, qui, après avoir suivi les cours de philosophie et de mathématiques à Vienne, négligeant, bien qu’on l’eût destiné à être évêque, sa spécialité théologique, devait être à Bucarest le grand