Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/244

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prince de Valachie, et Scarlate ou « Charles » Callimachi, prince de Moldavie, patrons d’établissements scolaires dont ils auraient voulu faire des Universités de science et de philosophie, compilateurs de code qui ne parurent même pas dans la langue, négligée plutôt que méprimée, des indigènes, se présentèrent comme les chefs politiques d’une nation qui cherche sa propre voie ; mais ce n’était pas la nation roumaine.

Si des boïars, comme Grégoire Brâncoveanu, auteur d’une compilation philosophique en grec, un des esprits les plus éclairés de l’Orient entier ; si des prélats, comme le nouveau Métropolite de Valachie, Denis Lupu, qui cependant avait reçu une éducation grecque et était le partisan zélé d’une collaboration gréco-roumaine patronnée par la Russie pour le rétablissement de l’Empire byzantin, montraient déjà l’intention d’ajouter à cette culture d’importation le renouveau timide d’une civilisation traditionnelle roumaine, leur instinct national, leur large libéralité n’auraient pas suffi pour remplacer par le « rouma-nisme » l’hellénisme envahissant que ces membres de la société privilégiée ne voulaient pas contrecarrer dans son action.

Il fallait l’âme nouvelle d’un homme du peuple, s’adressant aux âmes nouvelles des gens appartenant à la même condition sociale, et aux jeunes boïars eux-mêmes, seulement s’ils consentaient à se confondre avec la conscience de leur nation. Cet homme fut Georges Lazar, que sa province d’origine avait contraint, à force d’humiliations et d’injustices, à s’expatrier.

Malgré ses études à Vienne, il était resté absolument paysan dans sa foi profonde, dans les principes qui dirigèrent sa vie, dans sa vénération pour la science, seule capable de féconder la vie humaine,