Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/250

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l’occupation des Principautés par les armées du nouveau Tzar, le « général de brigade « Nicolas I". Les souffrances de la guerre ravivèrent les profondes blessures qu’avaient faites au pays la révolte grecque ; lorsque l’avance rapide des armées russes sur Cons-tantinople amena, par une médiation prussienne, la conclusion du traité d’Andrinople, qui fixait le règne viager des « Hospodars » et restituait aux Principautés le territoire des anciennes forteresses turques, elles eurent encore à subir une occupation de cinq ans jusqu’à l’établissement d’un nouvel ordre légal.

Agitations constitutionnelles : le règlement organique.— Régner dans de pareilles conditions ne pouvait pas signifier grand chose. Ces pauvres princes qui végétaient, toujours en butte aux intrigues, sur des trônes que ne défendait encore aucune force militaire, ne se signalèrent donc ni par des bâtisses, ni par des établissements. Ils n’étaient qu’une forme passagère, recouvrant un développement national, basé sur la nouvelle civilisation moderne, qui est le seul phénomène intéressant désormais.

L’activité même, l’agitation nerveuse des boïars ne peut pas tromper un observateur attentif. Ces chefs aristocratiques d’un pays de villages se soumettaient seulement à l’influence des idées occidentales, qui, en les galvanisant, leur faisaient affirmer des volontés, des espérances qui n’étaient pas cependant, dans ce qu’elles avaient de plus vivant et de plus efficace, le produit même de leur intelligence. Le lendemain de l’invasion d’Hypsilanti, ils se mirent, dans leurs refuges de Transylvanie, de Bucovine, où cependant ils n’eurent qu’un contact tout à fait accidentel avec leurs frères en pleine transformation, en Bessarabie même, à rédiger des mémoires comme ceux dont ils lisaient le contenu dans les journaux français et allemands.