Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/249

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Un prêtre de village l’exprima dans ces termes touchants : « Et nous apprîmes avec un serrement de cœur que Tudor avait été trahi par deux de ses capitaines et qu’il avait été tué nuitamment, et nous pleurâmes. Et nous nous rendîmes avec le père Hilarion au monastère, dans le but d’y célébrer un service divin pour son âme. Et tout le monde pleurait aussi, et le père Hilarion se frappait la poitrine, et il offrait au peuple la croix. Et nous ressentîmes tous une tristesse profonde ».

Les Turcs rétablirent l’ancien ordre de choses, mais sans rappeler à Jassy et à Bucarest ces Grecs qui s’étaient montrés si dangereux. De vieux boïars indigènes, plutôt incultes, les remplacèrent : Jean Sturdza en Moldavie, Grégoire Ghica en Valachie.

Ces princes, d’une intelligence modeste et d’une médiocre énergie, ne manquaient pas cependant d’un sentiment élevé de leur propre dignité et de celle de leur pays ; on le vit bien à l’entrée des troupes russes à Jassy en 1828, lorsque Sturdza refusa la garde d’honneur qu’on lui offrait, en déclarant « Dieu est là pour me garder » ; mais ils étaient empêchés dans leur désir de faire le bien par l’insécurité continuelle de leur situation. La Russie, qui avait rompu dès 1821 avec la Porte, parce que celle-ci avait destitué et fait pendre le Patriarche œcuménique, occupant en même temps, à l’encontre des traités, les Principautés, ne voulut pas les reconnaître, et il fallut que le Sultan consentît à la conclusion d’une nouvelle convention, celle d’Akkerman (octobre 1827), conformément à laquelle les princes roumains devaient régner pendant un terme de sept années. Un peu plus tard, cependant, en "1828, lorsqu’on pouvait croire que la tranquillité était enfin solidement garantie, les complications de la question grecque, qui passionnait l’Europe entière, le hasard de la bataille navale de Navarin amenèrent