Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/267

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à toute occasion le grand nom indigène de son beau-père, employa les manœuvres de la falsification la plus éhontée pour empêcher le triomphe électoral du parti de l’Union. Pas un dixième des électeurs les plus indépendants ne furent admis à voter. L’assemblée issue de cette opération, digne des pires traditions du Levant, aurait demandé sans doute le maintien de la séparation politique. On s’adressa alors à Napoléon III. La femme même de Vogoridès avait fourni aux adversaires de son mari la preuve patente des intrigues du caïmacam avec les ministres turcs et avec l’Autriche, dont le consul, continuellement combattu par Place, consul de France, remuait ciel et terre pour arriver à ses fins. Le représentant de l’Empereur à Constantinople reçut donc l’ordre de baisser pavillon, si le Grand-Vizir s’obstinait à reconnaître la légalité des élections moldaves. Ce moyen suprême réussit ; les listes électorales elles-mêmes furent annulées. En échange, Napoléon, qui alla s’entendre personnellement à Osborne avec la Reine Victoria, avait consenti à ne voir, dans cette Roumanie qu’il désirait qu’une simple : « union des rapports militaires, financiers et judiciaires » des deux Principautés. Il espérait établir en Moldavie un de ses meilleurs lieutenants, le général Pélissier.

Les nouvelles Assemblées étaient animées du même esprit, nettement unioniste. Mais la différence entre les vues des Valaques et celles des Moldaves persistait. Tandis qu’à Bucarest les discours reflétaient avant tout des préoccupations libérales, les représentants moldaves, après avoir voté, le 19 octobre 1857, les points du programme commun : Union des Principautés, autonomie, prince étranger, neutralité garantie par les Grandes Puissances, comme celle de la Belgique, et gouvernement parlementaire, s’occupèrent de la question des paysans, qui étaient représentés