Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/275

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personnalité particulièrement active et très sympathique, et ceux du sévère, du « pur » mazinien Rosetti, sans que ces différences de conceptions politiques eussent abouti à des programmes en relation avec les besoins actuels, si nombreux et si profonds, du pays. Croyant que les « Rouges » étaient les plus puissants — et ils l’étaient de fait — par leur propagande incessante, par leur organisation solide et par la popularité du journal de Rosetti, « Românul » (le « Roumain »), Charles Ier aurait préféré remettre entre leurs mains son sort et celui de la dynastie. Or les radicaux étaient décriés, non seulement à Pétersbourg, mais aussi à Paris, où tel d’entre eux avait été dénoncé jadis comme ayant trempé dans des complots contre l’Empereur. Il fallut sacrifier Bratianu, qui ne pardonna pas cette abandon au prince qu’il avait lui-même introduit dans le pays, et donner le pouvoir à Ghica, fils de Hospodar, homme très riche et très influent.

Quand les conservateurs furent les maîtres, Napoléon III leur indiqua Vienne comme appui. Ils n’hésitèrent pas à demander la protection autrichienne contre des adversaires intérieurs si forts et si remuants. Dès 1869, cette protection fut formellement obtenue, et le voyage de Charles Ier à Pesth et à Vienne fut présenté comme un acte glorieux pour ces deux pays et des publications spéciales le commémorèrent. La condition principale imposée au prince était, bien entendu, de « s’abstenir de toute immixtion dans les affaires de la Transylvanie », de cette Transylvanie où, après que Saguna eut rempli sa mission, les Roumains n’avaient plus de chef respecté, ni d’orientation permanente.

On alla si loin dans cette sujétion, déterminée par l’instabilité d’une vie politique que dominaient les partis d’intérêts, personnels, qu’on accepta, en 1870, lorsqu’on craignait une invasion russe en Turquie,