Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/281

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

colonel roumain. Mais, aussitôt que ce chapitre de la guerre fut fermé, leur situation militaire était en l’air ; ils ne continuèrent pas leur concours à l’action principale, se bornant à poursuivre l’attaque contre Vidin, dont la possession leur était absolument refusée par l’Autriche. Les troupes roumaines s’y étaient immobilisées, lorsque l’armée russe se dirigeait sur Andrinople et imposait au Sultan, en mars 1878, la paix de San-Stefano.

Cette paix, à laquelle Charles Ier s’était vainement efforcé de collaborer en facteur indépendant de la guerre et de la victoire, créait la Grande Bulgarie, jusqu’à l’Archipel, pour punir la Serbie d’avoir un moment abandonné la partie ; elle accordait des agrandissements à cette Serbie même, et surtout au Monténégro ; mais, en ce qui concerne la Roumanie, on se bornait à reconnaître son indépendance : aucun territoire ne lui était cédé ; seulement, suivant l’exemple donné jadis par la France à l’égard de l’Italie, la Russie faisait abandonner par les Turcs la Dobrogea pour qu’elle pût être échangée contre les trois districts de la Bessarabie que la Russie voulait avoir à tout prix. On se réservait même le passage des troupes russes par la Roumanie pendant des années.

Les protestations les plus indignées ne servirent à rien. La résolution de l’Empereur, que la diplomatie poussait en avant, était inébranlable. On offrait à Pétersbourg, tout au plus, des avantages plus grands sur la rive droite, même l’élection de Charles I" comme prince de la Bulgarie nouvellement créée ; il fut question, à un moment donné, de renoncer à une partie du territoire bessarabien. Mais l’opposition, s’était déjà emparée de cette question, et, malgré l’inclination du prince et de Kogalniceanu à s’entendre, on ne put guère abandonner le point de vue de la plus stricte intransigeance. La brutalité de Gortschacov