Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/285

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aucune représentation de la part de la Roumanie alliée ; elle se soumit même plus tard à l’humiliation de décorer le procureur qui avait soutenu l’accusation. Les Magyars en profitèrent pour mener énergique-ment leur action dénationalisatrice : bientôt le parti national fut dissous, et un régime de terreur rendit presque impossible toute manifestation sincère de la presse roumaine ; même lorsqu’ils eurent abandonné leur attitude de passivité électorale, qui avait été un moyen de protester contre le nouveau régime du dualisme, les Roumains de Hongrie ne furent représentés au Parlement, avec de très rares exceptions, que par des organes de leurs oppresseurs.

Rassurés par cette adhésion à la politique de l’Europe centrale, les partis purent continuer leurs luttes stériles ; après la chute de Bratianu, le vrai organisateur du Royaume, le gouvernement tomba aux mains des « junimistes », élevés en Allemagne et promoteurs de la réunion à la Triplice, puis des anciens conservateurs de Catargi et d’Alexandre Laho-vary ; enfin, le nouveau chef des libéraux, Démètre A. Sturdza, un des survivants de la génération de l’Union et le créateur de l’Église roumaine autocé-phale, mais le plus chaleureux défenseur, par crainte des Russes, de la politique allemande en Roumanie, prit le pouvoir pour quelques années. Entre sa politique et celle de son successeur, M. J.-J. Bratianu, d’un côté, et, de l’autre, celle des vieux conservateurs, des junimistes, ayant pour chefs l’intransigeant allié des Allemands, P.-P. Carp, junker transporté par le hasard sur les bords du Danube, et enfin celle de M. Take lonescu, qui, auteur d’une brochure célèbre, destinée à défendre la Triple Alliance, devait former plus tard un parti conservateur-démocrate, destiné à se confondre, tout dernièrement, sous sa direction, avec le parti conservateur des Cantacuzène et de Nicolas Filipescu,