Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/284

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soumettre à ces exigences ; mais, quelques années plus tard, le roi Charles assistait, de pair avec son voisin serbe, à l’inauguration des travaux aux Portes-de-Fer que la Hongrie seule avait entrepris, se réservant abusivement le droit de pilotage dans les eaux roumaines.

Dès 1885, donc, lorsque l’Italie se fut réunie à la ligue de paix que devait être la Triple Alliance, Bra-tianu apporta, au nom du roi Charles, qui avait déjà fait parler dans ce sens un des chefs des jeunes conservateurs, des « junimistes » (membres de la société « Junimea »), Titus Maiorescu, pour préparer le terrain, l’adhésion secrète de la Roumanie. C’était plutôt un moyen de se défendre contre la Russie et, d’après une expérien6e récente, contre l’Autriche-Hongrie elle-même,

La question de la Transylvanie n’exista donc plus pendant trente ans pour le gouvernement roumain ; elle servait tout au plus à agiter l’opinion publique au profit des partis d’opposition lorsqu’ils en étaient arrivés à leurs dernières ressources. La création d’un parti national roumain dans cette province et son action énergique n’eurent aucune influence sur l’attitude du Royaume, et il regarda avec indifférence toute une série de mesures destinées à détruire l’école confessionnelle des Roumains et même l’autonomie de l’Église orthodoxe qui signalèrent l’administration d’un Tréfort et d’un Apponyi. Un procès fut intenté, en 1891, aux chefs roumains, dont le grand crime avait été seulement d’avoir voulu présenter à l’Empereur, dans sa Capitale de Vienne, sous la forme d’un Mémorandum, les doléances de quatre millions de sujets fidèles, acte qui fut retourné, du reste, par la Chancellerie hongroise, sans que le pli eût été même ouvert ; ce procès monstrueux entrepris pour jeter en prison des personnes tout-à-fait innocentes, n’amena