Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/288

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carrière par la publication d’une revue, les « Entretiens Littéraires » (Convorbiri Literare), qui, tout en exposant au ridicule ces travers de la poésie courante et en redressant les exagérations de la pensée contemporaine, n’aurait guère donné en échange que la critique impitoyable et sans horizons de Titus Maiorescu, ou des imitations du romantisme allemand, si, encore une fois, le fonds national, plein d’énergie naïve, ne se fût imposé aux compilateurs et aux pasticheurs.

Alecsandri et son contemporain Alexandre Russo, élève des écoles de Genève, avaient recueilli déjà ces poésies populaires que le premier remania artiste-ment avant de les livrer au public ; le succès de sa collaboration l’encouragea à composer de toutes pièces des ballades dont la succession devait donner une vraie histoire épique des Roumains. Si la Transilvania, revue de « l’Association pour la culture de la langue et de la littérature roumaines » au-delà des Carpathes, fondée en 1861 par Saguna lui-même, par son collègue de Blaj et par les chefs intellectuels de la nation, ne remplit pas sa promesse de répandre le trésor de ces chants transylvains, dont la partie lyrique est absolument supérieure, Hasdeu, qui avait fait de son journal Traian, de sa revue Columna lui Traian (Colonne de Trajan) un riche recueil de documents historiques et en même temps de folklore, attira continuellement l’attention sur cette inspiration toute nouvelle ; des collaborateurs de tous les pays roumains s’empressèrent d’envoyer leur récolte. Les revues publiées par les élèves de Hasdeu, auquel on avait confié une chaire à la nouvelle Université de Bucarest (celle de Jassy, fondée aussi par Cuza, est un peu plus ancienne), comme Grégoire G. Tocilescu, suivirent la direction imposée par le maître. Une grande collection de chants populaires fut donné par G. Dem.