Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/42

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où les vicissitudes des dominations barbares menaçaient continuellement l’Empire[1].

Une autre cause empêcha la création de formes politiques et même ethniques nouvelles de ce côté de l’Orient, et conserva intact aux descendants des Thra-ces romanisés leur ancien caractère. Tandis qu’à l’Occident la religion chrétienne cimenta l’union des barbares avec les gallo-romains, le conquérant passa sur notre territoire sans exercer aucune influence sur la vie de l’État, sur les mœurs, sur la langue — il n’y a pas en roumain un seul terme d’origine gothe — ; au contraire, le descendant des bergers daces et des émigrés paysans de l’Italie resta un « homo romanus ». un Romîn, de même que, dans les Alpes, le Romanche, qui ne fut jamais soumis à une domination barbare, ou que, l’habitant de la Campagna, indissolublement liée à l’idée et à l’autorité de Rome.

Le christianisme avait pénétré en Dacie avec la conquête romaine ; les inscriptions attestent que le pays avait reçu, par les colons originaires de l’Orient, l’empreinte des cultes asiatiques qui précédèrent et préparèrent le christianisme. Leur œuvre fut poursuivie pendant toute la durée de la domination impériale, qui amenait sans cesse des hôtes venus des pays où la grande transformation de l’âme humaine s’était accomplie plus rapidement et d’une manière plus complète. La propagation de l’Evangile par les communautés religieuses qui envoyaient des visiteurs d’un groupe à l’autre ne pouvait pas manquer de porter ses fruits sur le Danube.

Les termes se rapportant à la religion montrent d’une manière très claire les conditions, et par conséquent

  1. On a attribué sans aucune preuve à Constantin l’établissement d’un nouveau pont sur le Danube, à Celeiu. Anciennement déjà, il y avait eu, à ce qu’il paraît, un autre pont à Hârsova.