Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/45

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Imparat, comme l’albanais ne connaît pas non plus « l’autre souverain que le mbret (imperator). La notion de la royauté est aussi étrangère au Roumain que celle de principal germanique, avec ses ducs et ses comtes ; c’est aux Slaves qu’il empruntera plus tard les termes qui les désignent : craiu (de kral, dérivé du nom même de Charlemagne, Carolus), cneaz, Voévod. Le centre de groupement est la « cité », cetate, nécessairement fortifiée. Le trône de ses maîtres sera le scaun, scamnum (chaise) ; la Capitale est donc dans la « cetate de Scaun ». Le « citoyen », le cetatean, ennemi de tout ce qui est étranger, strain (extraneus) vit encore par la pensée dans l’ordre romain, dont aucune réalité ne peut le détacher. Il attend, sous Dio-clétien, sous Constantin, de même qu’il attendra sous les empereurs byzantins, le retour des drapeaux. Isolé de Rome par le malheur des temps, il lui appartient encore par l’âme.

Les barbares de la steppe purent prendre bientôt la place de leurs vassaux germaniques. Les Huns, chassant, dans les Balcans, les Goths d’Athanaric et de Fridigern, s’établirent en Pannonie ; ils fondèrent l’empire d’Attila qui ne dura pas même un siècle ; la population indigène, augmentée de colons qu’ils transportèrent de force dans les territoires d’outre Danube, leur paya la dîme, envoya des présents à la cour du Khagan, et n’eut plus rien à craindre d’eux. Les Avares, après avoir séjournée dans la Bessarabie méridionale, suivirent les Huns dans cette même Pannonie ; ils ne présentent, au VIe siècle, qu’une autre forme de la domination scythique purement extérieure ; ça et là, on voit apparaître les aborigènes, restés intacts sous la protection de ces maîtres qui n’avaient d’autre intérêt que celui de se maintenir.

Slaves et roumains.— A ce moment, se produisit