Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/48

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Au lieu de l’ancienne unité scythique formée par les grandis rois de la haute antiquité et de l’empire hun d’Attila ou de ses successeurs avares, il y eut donc trois fondations scythiques : celle des Bulgares, appuyée au commencement sur la Scythie Mineure, celle des Magyares, sur le Danube moyen, et celle des Petschénègues. Ces derniers seuls restèrent complètement isolés dans leurs camps au milieu du désert et de la steppe ; ce fut aussi le sort des Coumans de même sang, qui leur succédèrent au XIe siècle, lorsque Byzance eut écrasé les bandes qui avaient pénétré profondément sur son territoire. Deux cents ans plus tard vint le tour des Tatars.

Il résulta de tout cela que les Slaves de la Mésie, tout en gardant leur langue, perdirent pour toujours leur indépendance politique, que leurs frères pannoniens disparurent sous l’afflux violent des Magyars, mais que les Roumains, n’ayant pas de maîtres chez eux, échappèrent à ce sort, à l’exception des éléments latins qui, ayant donné même des rois à la Bulgarie naissante, un Sabinus et un Paganus, finirent par se confondre dans le milieu slave dominé par la classe militaire des Bulgares. La grande masse de la nation, se trouvant sur la rive gauche, retenue dans l’unité naturelle de la région qui l’encadrait, qui l’appuyait et lui fournissait tous les moyens d’une circulation intérieure, particulièrement intense, n’eut, avec les nouveaux khagans comme avec les anciens, que les relations d’hommage, de tribut, de dîme, de douanes qu’avaient eues jadis les Géto-Daces ou les Agathyrses avec leurs maîtres scytho-sarmates.

Dans la péninsule même des Balcans, si les Slaves avaient complètement colonisé les deux Mésies, s’arrêtant seulement sur le rivage, au point où commençait la lisière grecque que rien n’avait pu entamer ; si la Dalmatie riveraine leur appartenait, avec ses anciennes