Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/47

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n’avaient plus cependant la force dont avaient disposé tour à tour les confédérations barbares des Scythes, des Sarmates, des Huns et des Avares. Ils ne formaient plus que de petites bandes qui avaient séjourné long-temps à proximité du territoire de la Rome orientale et s’étaient déjà mêlés, peut-être, à des éléments ethniques étrangers, surtout slaves. Abandonnant la steppe primitive, les Bulgares, dont le nom paraît signifier les « nobles », les « élus »[1], vinrent, sous Asparouk, occuper le Boudschak, sans oser se risquer au delà du cercle montagneux des Carpathes. A la première occasion favorable (vers 670), ils franchirent le Danube et envahirent la Scythie Mineure, laissant de côté les marécages des fleuves et les vallées habitées par les sept tribus des Slaves agriculteurs ; ces raids les menèrent, sous le règne de Khagan Croum, par des voies sanglantes, sous les murs même de la Capitale romaine de l’Orient. Leurs nouveaux sujets étaient Slaves ; ils leur imposèrent leur langue et ainsi ils abandonnèrent peu à peu leurs anciennes coutumes ; la religion seule resta, jusque sous le règne de Boris-Michel, au IXe siècle, plutôt comme un reste de l’ancien cérémonial de la Cour et de l’ancienne légitimation de la dynastie. Puis vinrent d’autres barbares, soudoyés par les Impériaux : les Magyars, mâtinés de sang finnois, quittèrent la Bessarabie méridionale pour descendre dans la Pannonie, désertant pour toujours leurs anciens quartiers, qui avaient été ravagés par un nouveau concurrent turc, les Petschénègues, venus de Sarkel dans la steppe. Dans cette Pannonie, qu’ils arrachèrent aux Moraves, héritiers des ducs francs, ils purent garder leur langue, mais non la pureté de leur race, leurs coutumes et leur religion.

  1. De même que le terme de boiars (en grec : bolades ; ar est le suffixe du pluriel dans les langues ouralo-altaïques).