Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/61

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Baia, au delà des montagnes qu’il s’agissait d’exploiter au profit de la Couronne.

Ces groupes d’émigrants avaient un caractère purement rural. C’étaient des paysans, qui ne nourrissaient pas plus de projets politiques que ceux qui se détachent aujourd’hui des régions surpeuplées de l’Europe pour chercher une occupation en Amérique. Le roi lui-même ne pensait guère à leur imposer un régime unitaire, lui qui. n’avait pas d’administration sur ses propres terres. Les « hôtes royaux » durent se plier à la manière de vivre et à l’organisation de la population aborigène, sans la présence préalable de laquelle ils n’auraient pas même risqué l’aventure de rester sur un territoire que le roi nommait le « désert » dans le sens juridique du mot, parce qu’aucun privilège de sa part n’avait confirmé les droits des premiers occupants. Ils revêtirent parfois ce vêtement populaire des Roumains qui rappelle la culture générale des ancêtres thraces ; ils introduisirent des habitudes étrangères dans la manière d’exploiter la terre, tout en gardant le type de la maison germanique des bords-du Rhin ; ils empruntèrent des mots au trésor linguistique roumain ; surtout ils adoptèrent les formes dans lesquelles s’était groupée la vie de ces précurseurs, dont ils auraient voulu asservir le travail : à côté des « juges » roumains il y eut donc des « comtes », Grafen, gérebs saxons et les provinces dans lesquelles fut partagé le pays colonisé furent des Sedes, « tribunaux », correspondant à ceux des mêmes juges.

Peu à peu ces villages évoluèrent ; ils devinrent parfois des villes appelées à un grand avenir. L’ensemble de ces établissements allemands en terre roumaine fut constitué en « nation » autonome, à l’égard du roi, auquel elle payait un cens, et de l’évêque lui-même. En 1224 le roi André II les reconnaissait comme «