Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/85

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à servir uniquement une ambition personnelle, qui n’était pas même celle d’une dynastie. Lorsque, après la mort prématurée d’Albert d’Autriche, gendre de Sigismond, après la catastrophe de Varna, où Vla-dislas Jagellon, roi de Hongrie et de Pologne, succomba sous les coups des Turcs victorieux, Hunyady, le Voévode transylvain, comte des Szekler, gouverneur du royaume, capitaine de croisade, prit dans sa main gantée de fer la conduite des affaires, il apparut non comme le mandataire d’une Hongrie moderne avide de territoire, mais bien comme le chef illustre et puissant d’une confédération chrétienne. Dans cette confédération, à côté du despote serbe Georges Brancovitch, le plus souvent perfide ou rebelle, les princes du Danube et des Carpathes jouèrent le premier rôle ; ils n’avaient d’ailleurs qu’à se présenter, au moment de toute nouvelle entreprise contre le Sultan, à la tête de leurs chevaliers, de leurs boïars, de leurs gendarmes mercenaires et de leurs paysans libres.

Les défilés moldaves sont beaucoup moins nombreux et ils étaient sensiblement plus difficiles à traverser, à une époque où une partie du pays des Szekler, d’une étendue de « deux comtés entiers », selon une déclaration officielle de l’Autriche qui l’a usurpée, appartenait à la principauté. Après les efforts faits par le roi Louis lui-même pour rétablir son autorité dans la région de Baia, il n’y eut qu’une seule grande entreprise hongroise contre le nouvel État : celle du roi Sigismond, qui, ayant passé le Séreth, s’avança jusqu’à Hârlau, une des résidences du Voévode Etienne, au nord de Jassy, et lui imposa un traité de vassalité, qui, s’il avait été maintenu, aurait créé une situation nouvelle au pays. Si Hunyady eut sur la Moldavie la même influence déterminante que sur la Valachie voisine, si des princes comme Bogdan II,