Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/84

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beaucoup plus rapidement ses frontières naturelles sur le Dniester et le Danube ; sa situation particulière lui permit de réaliser plus tôt une existence paisible, un développement prospère.

Les Carpathes sur lesquels s’appuie la Valachie sont traversés par un grand nombre de défilés d’un accès plutôt facile ; les rois de Hongrie, avec les forteresses qu’ils y avaient élevées, étaient les maîtres du passage depuis Landskrone jusqu’à la vallée supérieure de Buzau. Après eux, vinrent les successeurs de Charles-Robert et de Louis, l’empereur Sigismond. qui parut en Valacbie comme allié du prince légitime et comme ennemi des usurpateurs envoyés par le Sultan, en 1394, contre l’intrus Vlad, et en 1427, contre Radu-le-Chauve, autre client des Turcs, sans compter l’intervention, en 1420, du Voévode de Transylvanie qui se termina par une déroute. Plus tard Jean Hunyady, le grand guerrier roumain qui fixa les destinées de la Hongrie, put intervenir à son gré dans les affaires de la Valachie qu’il avait soumise à sa tutelle beaucoup plus que l’autre principauté. Dans la suite encore, cette Transylvanie décida du sort de la Valachie voisine, bien qu’une invasion valaque au-delà des montagnes fût encore plus facile pour tout Véovode entreprenant ; tel ce Vlad Dracul qui, en 1438, guidait les troupes du Sultan, son maître ; tels encore les successeurs de Vlad au XVIe siècle, jusqu’à Michel-le-Brave, qui y pénétraient seulement pour intervenir dans les querelles intérieures de cette province, ou même dans le but de poursuivre instinctivement les buts supérieurs de leur race. Mais le grand danger ne pouvait pas venir de ce côté, car la royauté hongroise, qui avait d’abord représenté la foi catholique et l’impérialisme occidental en Orien, puis continué les traditions de la féodalité française, en était arrivée, avec Sigismond, le pompeux César germanique,