Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/88

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militaire fut élargie, et la Moldavie paya pour la première fois un tribut à la tatare, composé de bœufs, de chevaux, de pièces de drap d’Orient et d’esturgeons pris dans les pêcheries danubiennes de Chilia. Plus tard, on espéra pouvoir employer les fils de la Polonaise Marinka, Roman II et Alexandre II, pour annexer au royaume Cetatea-Alba et le Danube inférieur ; une armée polonaise entra pour combattre Bogdan, fils du vieil Alexandre et protégé de Hunyady qui voulait usurper les droits d’Alexandre ; mais l’armée royale fut écrasée dans les forêts de Vasluiu, à Crasna. Bogdan lui-même ayant été assassiné par son propre frère, Pierre Aaron, qui lui succéda, l’usurpateur meurtrier inclina la bannière moldave du côté de la Hongrie et de la Pologne en même temps, sans oublier, bien entendu, le premier tribut payé, en 1445, au Sultan des Turcs, devenu maître de la mer Noire.

Les roumains et les turcs.— Ce serait une profonde erreur historique de croire que les Turcs Osmanlis, les bandes d’Ourkhan, l’émir de Brousse et ses fils, Soliman et Mourad, aient paru en Europe comme une horde farouche, animée de l’esprit de conquêtes et résolue à fonder, sur les ruines des établissements chrétiens de la péninsule des Balcans, un nouvel état islamique. Anciens auxiliaires de By-zance, tout aussi barbares, sans doute, dans leur manière de pratiquer la guerre, que n’importe quelle bande bulgare de l’époque, ils commencèrent par occuper les points qui leur permettaient de rançonner les caravanes ; ce sont les circonstances qui plus tard les amenèrent à transformer ces premiers établissements en une organisation politique, « seigneurie », « royaume », puis « empire » où les normes de Gengis s’associaient aux souvenirs romains de Byzance.