Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/91

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Survint la bataille de Nicopolis, où la chevalerie féodale subit une formidable défaite (septembre 1396) et pendant des heures les soldats de Baïézid, janissaires et spahis, s’en donnèrent à cœur joie en massacrant des prisonniers qui appartenaient aux meilleures Maisons de France et d’Allemagne. Mircea s’était enfui, et la barque qui emportait Sigismond désespéré avait disparu sur le cours du fleuve encombré de cadavres ; les fuyards furent dépouillés sur la rive gauche par les gens de Vlad, resté au pouvoir, pour résister jusqu’en 1397 aux efforts de Stibor, Voévode de Transylvanie, qui finit bien par se rendre maître de sa personne. Une revanche turque ensanglanta encore une fois la plaine valaque, après que le prince légitime eût été rétabli par les armes.de son allié ; mais Mircea réussit à se maintenir sur cette ligne danubienne, où il avait fortifié le gué important qu’est Giurgiu.

Baïézid lui-même fut cependant vaincu à Angora (1402), par les troupes turques fraîches, d’un caractère barbare plus authentique, de son rival supérieur, le grand Khan Timour, et son héritage devait être partagé, dans de longues querelles, par ses fils. Soliman et Mousa se disputèrent l’Europe avant l’apparition de leur frère Mohamed Ier, Sultan d’Asie, qui allait rétablir l’unité de l’État ottoman. Comme le roi Sigismond, devenu bientôt empereur d’Occident, avait à cette époque d’autres soucis, et comme ces Infidèles ne l’intéressaient qu’au moment précis où ils étaient capables d’envahir son royaume, Mircea, qui était resté seul au milieu des discordes d’outre-Danube, chercha à jouer un rôle, en employant l’un contre l’autre ces frères ennemis. Ayant favorisé Mousa, qui était aussi le bon ami du despote serbe Etienne, héritier de Lazare, les Serbes de Marc Kraliévitsch avaient participé, du reste, dans les rangs musulmans à cette bataille de Rovine, après laquelle le héros de la légende