Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/94

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idée son ancien rival polonais et menaçant le Moldave Alexandre d’un partage de sa principauté s’il ne consentait pas à réunir ses troupes à celles de ses voisins chrétiens, appelait en Transylvanie de même qu’à Severin, les Chevaliers Teutons du « Ban » Klaus de Redwitz, auxquels il voulait donner aussi le château de Chilia et les embouchures du fleuve.

Sigismond avait imposé cependant, dès 1432, contre le prince Aldea-Alexandre, premier successeur, favorable aux Turcs, de Dan, un commensal de ses séjours en Occident, ce Vlad Dracul ou Draculea, qu’on rencontre dans sa suite à Nuremberg. Mais la Hongrie, simple instrument pour l’ambition toujours avide de nouvelles pompes du Roi et Empereur, ne pouvait pas soutenir ce prince, destiné à continuer sur le Danube l’œuvre de Mircea, son père, et de son cousin Dan. Chassé deux fois par les Turcs, qui se servaient contre lui du fantôme d’Alexandre, emmené même, paraît-il, avec ses deux fils, par les vainqueurs, qui l’auraient enfermé dans le château de Gallipoli, il revint comme vassal du Sultan, qu’il guida, en 1438, à travers lu Transylvanie. L’initiative de Hunyady réussit néanmoins à le ramener à ses premières intentions guerrières, qui étaient, sans doute, dans son caractère même, et sur maints champs de bataille Vlad suivit les drapeaux du héros qui était, malgré son changement de religion et son assimilation à la noblesse catholique de la Hongrie, le plus grand représentant de sa race. Et, lorsque, ayant trompé la confiance du capitaine de la croisade permanente, il perdit en même temps (1446) le trône et la vie, pour faire place à un successeur de faibles moyens, Vladislav, fils de Dan, Hunyady reconnut plus tard son erreur, car il avait maintenant un paisible vassal à la place d’un auxiliaire énergique, soldat de naissance. Il la répara plus tard en faisant succéder à cette ombre soumise, l’initiative