Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/93

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aussitôt des prétendants d’une légitimité douteuse, il ne réussit pas à défendre, non seulement cette Dobroudscha, mais aussi la citadelle même de Giurgiu, dont la construction lui avait coûté de si grands sacrifices ; encore une fois, la « Tour » (Turnu) de la Petite-Nicopolis, sur la rive gauche, fut occupée par les janissaires, et les boïars du Banat de Severin, que Sigismond avait définitivement abandonnés en 1406, à ce voisin qui consentait à faire la garde du fleuve pour la Hongrie elle-même et la chrétienté occidentale entière, se présentèrent devant le Sultan pour faire leur soumission. Il paraît bien que Mircea dut subir le même sort que, une vingtaine d’années auparavant, les empereurs de Byzance : il paya le tribut et donna son fils comme otage à ce suzerain musulman, gagné déjà aux notions féodales de la chrétienté.

Au cours des querelles pour le trône qui précédèrent en Valachie celles qui allaient déchirer la Moldavie après la mort d’Alexandre-le-Bon, vrai pendant dans cette autre principauté roumaine de Mircea en ce qui concerne le rôle d’organisateur, s’il y eut les interventions hongroises sporadiques que nous avons déjà expliquées dans leurs motifs, on a cependant une continuelle influence des Turcs, qui détenaient maintenant tous les gués danubiens. Si Radu-le-Chauve fut un nouveau Vlad, Dan II, vainqueur de Michel, fils de Mircea, et adversaire acharné du pupille des Ottomans, reprit, par ses attaques contre Giurgiu, contre Silistrie, la mission de défenseur du.fleuve qu’avait remplie son oncle, réunissant ses efforts, souvent heureux, à ceux de ce Florentin, Filippo Scolari (Pippo Spano, « le comte Pippo »), auquel Sigismond, toujours occupé ailleurs, avait confié la garde du Banat de Temeschwar. A un certain moment, du reste, après la mort de Dan, Sigismond, qui avait pensé, dès 1412, à une grande croisade sur le Danube, gagnant à cette