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général une seule de ces formes; rarement elle les a gardées toutes les deux ; elle a créé alors deux verbes différents. Ainsi : charrier et charroyer, dévier et dévoyer, plier et ployer (cf. infra déjeuner et dîner).

Dans certains verbes comme *adjutare, *parabolare, *disjejunare, les changements étaient plus importants : on disait : je paróle, tu paróles, il paróle; n. parlóns, v. parléz, il parólent On disait également : je déjeune; nous dinons, v. dinez, il déjeunent[1]. Tous ces changements sont dus au déplacement de l’accent tonique.

Il nous reste encore, dans la conjugaison moderne, des exemples assez nombreux de ces variations du radical, surtout dans les conjugaisons archaïques : je tiens, nous tenons; je veux, nous voulons; je peux, nous pouvons; je viens, nous venons; je conquiers, n. conquérons, etc.

Première conjugaison vivante en -ER

Indicatif présent

Je chant n. chantons
tu chantes v. chantez
il chantet il chantent
Remarques

1ere personne du singulier. Les verbes dont le radical était terminé par deux consonnes qui avaient besoin d’une voyelle d’appui ont eu e final dès le début : je trembl-e, je sembl-e. Au xiiie siècle la plupart des autres verbes ont pris cet e. Cependant jusqu’au xvie siècle on trouve des formes comme je pri, quand le radical n’était pas terminé par une consonne.

  1. Plus exactement: je dejœ̣́n; il dejœ̣́nent ; n. dinóns, v. dinéz.