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Parfait: je crui[1], tu cre-üs, il crut; n. cre-ümes, v. cre-üstes, il crurent. Subj. imp.: q. je cre-üsse. Part. passé: cre-ü (creu, cru). Part. prés. : créant (plus tard croiant, croyant, avec emprunt du radical croi: cf. mécréant).

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Ind. prés. : je li, tu lis, il lit; n. lis-ons, v. lis-ez, il lis-ent. Le radical lis- du pluriel est peu régulier au point de vue phonétique; de même le radical de l’imparfait de l’indicatif et du présent du subjonctif. Peut-être y a-t-il eu influence de dire (imparf.: dis-eie; part. prés. dis-ant).

Il a existé deux parfaits, un en -s, l’autre en -us[2].

  1. Je leis, tu leisis, il leist; n. leisimes, v. leisistes, il leistrent.
  2. Je lui, tu le-üs, il lut; n. le-ümes, v. le-üstes, il lurent.

Subj. imparf.: q. je le-isse et que je le-üsse. Part. passé : leit, lit; le-üt, leu, lu.

Nuire (autre infinitif nuisir) faisait au parfait dans l’ancienne langue : je nui, tu no-üsne-üs, il nut; n. no-ümesne-ümes, no-üstesne-üstes, il nurent. C’est un parfait fort en -ui ; il s’est assimilé au parfait des verbes en -duire (pro-duire, con-duire) : je nuisis ; il est aujourd’hui peu usité.

Plaire, taire

L’ancienne langue connaissait aussi les infinitifs plaisir, taisir.

Parfaits : je ploi, tu plo-üs (ple-üs), il plóut; n. plo-ümes (ple-ümes), v. plo-üstes (ple-üstes), il plóurent.

Je toi, tu to-üs (te-üs), il tóut; n. to-ümes, v. to-üstes, il tóurent.

  1. On trouve aussi un parfait faible : je cre-í, tu cre-ís, etc. Crui rient d’une forme barbare *credui pour credidi.
  2. Tous deux renvoient à des formes du latin vulgaire: leis se rattache a *lexi (pour legi), lui à *legui. Au participe, leit représente lectum, leüt *legutum.