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Au xviie siècle les exemples de cette construction sont encore abondants[1].

Ex. :

Mais je vais employer mes efforts plus puissans. (Molière, Étourdi, V, 7, 1889.)
Le remède plus prompt où j’ai su recourir. (Molière, Dépit amoureux, III, 1780.)

Après 1650, sous l’influence de Vaugelas, l’emploi de l’article est de règle.

Article devant les adjectifs possessifs.

Les adjectifs possessifs accentués prenaient ordinairement l’article : la meie mort ; li miens fredre ; li suens parentez, etc. Cf. infra Pronoms et adjectifs possessifs.

Article avec les noms de nombre.

La construction Des trois les deux sont morts (Corneille) date de l’ancienne langue, où l’article « est de rigueur devant un nombre désignant une partie déterminée d’un tout[2] ».

Ex. :

Des doze pers les dis en sont ocis. (Rol., 1308.)
Sur les douze pairs dix sont morts.
Et tuit nostre homme sont si las, par ma foi,
Que une femme ne valent pas li troi. (Aimeri de Narbonne.)
Li dui tournoient les testes arieres et li ainsnez aussi. (Joinville, 526 c.)
Deux tournaient leurs têtes en arrière et l’aîné aussi.
Ensi fut devisez li assauz que les trois batailles des set garderoient l’ost par defors et les quatre iroient à l’assaut. (Villehardouin.)
L’assaut fut ordonné ainsi : trois corps sur sept garderaient l’armée contre une attaque du dehors et quatre iraient à l’assaut.
  1. Cf. Haase, Syntaxe française du xviie siècle, §29 A.
  2. G. Paris, Chrestomathie de l’ancien français, p. LXI.