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arrive) ; il abelist (il plaît) ; il dueut (de douloir, il fait de la peine) ; il besogne (il est besoin) ; il loist (lat. licet, il est permis) ; il membre, remembre ; il passe (en parlant du temps) ; il prend (a remembrer lui prist = il (neutre) lui prit à, il (personnel) se mit à se souvenir) ; il estuet (il est besoin) ; il ennuie (il est ennuyeux que) ; il i ot (il y eut), avec un participe passé : il i ot mainte larme plorée ; maint conseil i ot pris et donné (on prit et on donna maint conseil[1]) ; il semble, il est vis ou a vis (même sens).

Emploi des auxiliaires être, avoir.

La règle est, dans l’ensemble, la même que dans la langue moderne, où règne d’ailleurs une assez grande liberté dans l’emploi des auxiliaires avec certains verbes ; les verbes transitifs se construisaient avec le verbe avoir et les verbes intransitifs, par analogie avec les verbes passifs, se construisaient avec le verbe être. Mais comme beaucoup de verbes pouvaient être à la fois transitifs et intransitifs, il s’est produit, en ancien français, de nombreuses confusions dans l’emploi des deux auxiliaires être et avoir.

Les verbes réfléchis se construisaient ordinairement avec être, mais ils pouvaient aussi se construire avec avoir, comme on le voit par les exemples ci-dessous.

On pouvait donc dire : il a sorti et il est sorti ; il est remés et il a remasu (= il est resté) ; il était passé la montagne, il était monté les degrés ; il s’a ad Deu comandét (Alexis, 288.) ; il s’a vestu et chaucié ; vengiéz m’en sui (Rol., 3778.) ; il s’a bien défendu ; il a alé par le chemin (Froissart) ; et avoient li Juis sorti (Id.) ; il estoient fuis (Id.) ; il sont coru (=ils ont couru).


Une construction particulière à l’ancienne langue est la suivante : quand deux participes passés qui se suivaient devaient être construits le premier avec être et le second

  1. Cf. encore l’emploi de l’impersonnel cité plus haut.