Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/210

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui concerne les voix des verbes. D’une manière générale, les verbes à forme pronominale étaient beaucoup plus nombreux que dans la langue moderne, parce que la plupart des verbes intransitifs avaient une tendance à prendre cette forme. Ils indiquaient alors une action qui ne sort pas du sujet et porte essentiellement sur lui.


On disait : s’apareistre, se combatre, se craindre, se demorer, se douter (craindre), se dormir, se feindre, se gesir, se joster (joûter avec quelqu’un), se merveiller, se morir, se monter, se périr, se partir, se recreidre, recreire (s’avouer vaincu, fatigué), se remembrer, se targier (tarder), etc.

On pouvait d’ailleurs employer aussi beaucoup de ces verbes comme transitifs. Ainsi escrier est transitif au sens de appeler, crier.

Ex. :

Grant est la noise de Monjoie escrier. (Rol., 2151.)
Le bruit est grand quand on crie : Montjoie !

Morir, aux temps composés, est transitif.

Ex. :

Qui tei a mort France douce a honnie. (Rol., 2935.)
Celui qui t’a tué a déshonoré la douce France.

Inversement beaucoup de verbes aujourd’hui réfléchis se présentent sous la forme intransitive ; ces confusions sont constantes.

Ex. :

A halte voiz, prist li pedre a crider. (Alexis, 391.)
Le père se mit à crier à haute voix.
Isnelement sur lor piez relevérent. (Rol., 3575.)
Rapidement ils se relevèrent sur leurs pieds.
Ço vuelt li reis par amor convertisset. (Rol., 3674.)
Le roi veut qu’il se convertisse par amour.
Impersonnels.

Ils étaient aussi beaucoup plus nombreux que dans la langue moderne.

On disait : il afiert (il convient) ; il anuite (il fait nuit) ; il apent (convient) ; il chaut ; il aserit, il avesprit (le soir