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A l’esmovoir l’ost le roi. (Joinville.)
Au moment où l’armée du roi se mettait en mouvement.
Infinitif pur dépendant d’un verbe.

L’infinitif pur (non substantivé) dépendant d’un verbe peut être relié à ce verbe soit directement, soit par l’intermédiaire d’une préposition. Il y a, sur ce point, des différences assez nombreuses entre la syntaxe ancienne et la syntaxe moderne.

L’ancien français employait l’infinitif complément sans préposition dans des cas nombreux où nous mettrions à et plutôt de. On construisait ainsi : prier, rover (même sens), conseiller, louer (conseiller), consentir, délibérer, feindre, craindre, douter (craindre), promettre, souloir (avoir coutume), jurer, etc.


Tous ces verbes peuvent d’ailleurs se construire également avec un infinitif prépositionnel (ou même avec un mode personnel ; cf. les propositions complétives).

Ex. :

Me rogat aler en Ninive. (Fragm. de Valenciennes.)
Il me pria d’aller en Ninive.

Tu me rueves dormir. (Vie de S. Thomas, 3325.)

Tu me pries de dormir.

La construction d’un verbe avec à et l’infinitif était beaucoup plus fréquente en ancien français que dans la langue moderne.

Ex. :

Tei covenist helme et bronie a porter. (Alexis, 411.)
C’est à toi qu’il aurait convenu de porter le heaume et la cuirasse.
A ferir le desidret. (Rol., 1482.)
Il désire le frapper.