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Ex. :

Co’st grant merveille que li miens cuers tant duret[1]. (Alexis, 445.)
C’est étonnant que mon cœur supporte tant de souffrances.
Co’st grant merveille que pitiét ne t’en prist. (Alexis, 440.)
C’est étonnant que la pitié ne t’ait pas saisi.
Deus ! quel dolor que li Franceis nel sévent ! (Rol., 716.)
Dieu ! quel malheur que les Français ne le sachent pas !
... Mout me mervoil
Que folement vos voi ovrer. (Chr. de Troyes, Ivain, 1599.)
Je m’étonne beaucoup de vous voir agir si follement.
Omission de la conjonction que.

Une des particularités de l’ancien français c’est le non-emploi de la conjonction que dans les subordonnées complétives, surtout après une proposition principale négative. Les exemples de cette omission sont innombrables[2].

Ex. :

Ço sent Rolanz la veüe ad perdüe. (Rol., 2297.)
Roland sent qu’il a perdu la vue.
Ne lesserat bataille ne lur dont. (Rol., 859.)
Il ne laissera pas de leur donner bataille.
Carles li Magnes ne puet muer nen plort. (Rol., 841.)
Charlemagne ne peut s’empêcher de pleurer.

L’omission de la conjonction que est surtout fréquente après savoir, être certain, etc.

Ex. :

Ço set hom bien, n’ai cure de manace. (Rol., 293.)
On sait bien que je n’ai cure des menaces.
  1. Le subj. présent 3e p. sg. serait durt.
  2. Cf. supra, l’omission de qui dans les propositions relatives.