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Ex. :

Car la tenisse en France e Bertrans si i fusset,
A pis et a martels sereit aconseüde. (Pélerinage, 327.)
Car si je la tenais en France et que Bertrand y fût, à coups de pics et de marteaux elle serait vite démolie.
Quer oüsse un serjant...
Jo l’en fereie franc. (Alexis, 226.)
Si j’avais un serviteur... je le ferais libre.
Fust i li reis, n’i oüssons damage. (Rol., 1102.)
Si le roi y était, nous n’y aurions pas de dommage.

Au vers 1717 de la Chanson de Roland, la même idée est exprimée par la tournure : S’i fust li reis...

On peut considérer ces subjonctifs comme des subjonctifs optatifs ; mais en fait il y a dans la pensée une hypothèse.

Hypothèse marquant la possibilité.

Si l’hypothèse le rapporte au futur ou si elle est considérée comme simplement possible, le verbe de la proposition conditionnelle peut se mettre à la plupart des temps de l’indicatif (y compris le futur, à la différence de la langue actuelle) ; le verbe de la principale peut être à l’indicatif ou au conditionnel.

Ce sont les règles de la syntaxe moderne, sauf en ce qui concerne l’emploi du futur dans la proposition conditionnelle. Cet emploi du futur est très rare d’ailleurs et ne se trouve guère que dans des textes traduits du latin.

Ex. :

Se truis Rolland, de mort li doins fidance. (Rol., 914.)
Si je trouve Roland, il peut être sûr de sa mort (mot à mot : je lui donne confiance de mort).

Il est inutile de donner des exemples de toutes les cons-