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Si quelqu’un avait entendu le cri de Montjoie, il aurait eu une idée de ce qu’est le courage.
Liaison des propositions conditionnelles.

Quand deux ou plusieurs propositions conditionnelles se suivent, se peut être répété ou sous-entendu.

Ex. :

Se Karlemaines veut et il lui vient a gré. (Fierabras, 5996.)
Si Charlemagne le veut et s’il lui vient à gré.

Ces propositions peuvent aussi être unies par la conjonction que suivie du subjonctif, comme dans la langue actuelle.

Ex. :

Et se Gui vous eschape, que vous ne l’ochiez,
Mal nous arez baillis. (Gui de Nanteuil, 882.)
Et si Gui vous échappe et que vous ne le tuiez pas, vous nous aurez mal commandés.
Et se li jors ne lor faillist,
Que la nuit sitost ne venist,
Molt fussent cil dedenz grevéz. (Roman de Rou, 3401.)
Si le jour ne leur avait pas manqué et que la nuit ne fût pas venue si tôt, ceux de dedans auraient été fort éprouvés.

On remarquera que la conjonction de liaison et, obligatoire dans la langue actuelle, n’est pas nécessaire dans l’ancienne langue.

D’autre part que peut être sous-entendu et le verbe se met au subjonctif.

Ex. :

Se il se muevent et il me soit conté. (Gaydon, v. 668.)
S’ils se révoltent et que cela me soit raconté.

Pour la suppression de la conjonction se après une proposition comparative, cf. infra.