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Ex. :

Se tu ja le porroies a ton cuer rachater,
Volentiers te lairoie arière retorner. (Fierabras, 623.)
Si jamais tu pouvais le racheter avec ton cœur, volontiers je te laisserais revenir en arrière.

Des exemples de cette construction existent encore au xviie siècle[1].

Je meure si je saurois vous dire qui a le moins de jugement. (Malherbe, II, 634.)

Dans ces trois cas, le verbe de la proposition principale est, comme nous l’avons dit plus haut, au conditionnel (présent ou passé), à l’imparfait ou au plus-que-parfait du subjonctif. Il ne semble pas qu’on puisse établir de règle précise au sujet de ces emplois. Notons seulement que la formule la plus courante, quand les deux propositions du mode irréel concernent le présent ou le futur, paraît être : si j’osasseje demandasse (= en fr. mod. : si j’osais, je demanderais) .

Propositions relatives conditionnelles.

Nous avons vu plus haut qu’une phrase pouvait être conditionnelle, sans que la conjonction si y fût exprimée. Il en est de même pour les propositions en apparence relatives où qui signifie si on, si quelqu’un. Cf. les exemples à la syntaxe des pronoms relatifs et les exemples suivants.

Ex. :

Qui podreit faire que Rollanz i fust morz
Donc perdreit Charles le dextre bras del cors. (Rol., 996.)
Si on pouvait faire que Roland y fût tué, alors Charles perdrait le bras droit du corps.
Qui donc odist Monjoie escrider,
De vasselage li poüst remembrer. (Rol., 1181.)
  1. Haase, Syntaxe française du xviie siècle, § 66, C.