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posées avec que, comme : jaçoit[1] que, quoi que, que que[2], quel que, quand (plus tard quand même), pour... que (dans pour grand que), combien que, non obstant que, etc. Le mode est le subjonctif, sauf avec quand, quand même, qui se construisent avec le conditionnel.

Ex. :

Ja soit ce que il Nostre Seignor cultivassent, a ces ydles servirent. (Quatre livres des Rois, IV, 404.)
Quoiqu’ils pratiquassent le culte de Notre Seigneur, ils servirent ces idoles.

Même en dehors des cas cités plus haut, il peut arriver qu’une phrase renfermant un verbe au subjonctif sans conjonction ait, en ancien français, un sens concessif ou restrictif, comme dans les formules modernes : fût-ce le roi lui-même ; fût-il la valeur même,... Il verra ce que c’est que de n’obéir pas (Corneille, Cid, v. 568.).

La construction de pour avec un adjectif (pour grand que) a amené une construction analogue avec un substantif.

Ex. : Pour proesce que il eüst ; pour meschief qui avenist au cors ; on pouvait dire aussi avec par ; par pooir que nous ayons[3] ; mais cette formule est plus rare.

Comme on le voit, les propositions concessives ou restrictives — dont les nuances sont des plus variées — pouvaient être énoncées sans l’aide d’une conjonction,

  1. Cette locution est elle-même une proposition concessive elliptique : ja ce soit que. On trouve aussi, mais plus rarement : ja fust que. Jaçoit que se rencontre encore quelquefois au xviie siècle, par exemple dans Bossuet.
  2. Que... que, quoi... qui peuvent avoir aussi un sens temporel :
    Que qu’ele se demente einsi,
    Uns chevaliers del bois issi. (Chr. de Troyes, Erec, 3795.)
    Pendant qu’elle se « démente » ainsi, un chevalier sortit du bois.
    Kanque, quant que peuvent avoir aussi le même sens.
  3. Exemples tirés de Villehardouin.