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Au parfait des verbes (parfaits en -ui), u s’est maintenu ou a disparu ; cela dépend de la voyelle du radical ; cf. la conjugaison des verbes en -re et en -oir.

Prononciation[1]

Aux environs de l’an 1100 la prononciation des principales voyelles, diphtongues et consonnes était la suivante.

Voyelles

A était bref et probablement ouvert.

Il y avait trois sortes d’e : e ouvert (fr. mod. é), e fermé (fr. mod. é) et e dit muet, féminin ou labial. Ces e sont différents l’un de l’autre et n’assonent pas ensemble.

Le premier provenait, quand il était tonique, de ę́ (ouvert) entravé[2] du latin vulgaire : pert, set (sept), bel, nouvel, fer, merle, etc.

E fermé provenait, quand il était tonique, de (fermé) latin entravé[3] : mes < lat. cl. missum, lat. vulg. mẹ́ssum; sec < siccum, lat. vulg. sẹ́ccum, etc. E fermé provenait aussi de a latin libre : faba > fève ; pratum > pré(t) ; nasum > nés (nez) ; rasum > rés (rez), etc.[4]

  1. On trouvera sur ce point des renseignements abondants et sûrs dans la Grammaire historique de Nyrop, t. I. Nous ne consignons ici que les faits les plus importants et qui paraissent acquis : il y a encore dans ce domaine bien des points obscurs. En général nous adoptons les conclusions si précises de Gaston Paris, dans son introduction aux Extraits de la Chanson de Roland.
  2. On sait que quand il était libre il s’était diphtongué en ie.
  3. Libre il se diphtonguait en ei, oi.
  4. Nyrop dit que cet e était très ouvert (Gram. hist. de la langue française, I (1ere éd.), § 171,2). Il s’agit sans doute, dans sa pensée, de la période postérieure à la Chanson de Roland.