Page:Joseph Anglade - Grammaire élémentaire de l'ancien français.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Beaucoup de noms propres de femmes ont aussi cette terminaison en ain : Eve, Evain ; Pinte, Pintain (nom de poule dans le Roman de Renart) ; Berte, Bertain, etc. Il y a aussi dans cette classe quelques noms de rivières.

Un certain nombre de noms propres masculins présentent un cas oblique en -on dont l’origine est aussi obscure que celle des noms féminins en -ain.

Ex. :

  • Aymes, Aimon.
  • Charles, Charlon.
  • Gui, Guion.
  • Hugues, Hugon, Huon.
  • Pierre, Pierron.

On a expliqué cette terminaison par un emprunt à la déclinaison germanique, où se rencontrent des accusatifs semblables à ceux-là : Húgo, Húgun ; mais l’accentuation est différente (a. fr. Húgues, Hugón).

Peut-être vaut-il mieux y voir un emprunt à une déclinaison mixte latine, mélange de la déclinaison en -ius, comme Mucius, et en -io, comme Pollionem ; d’où la déclinaison : MuciusMucionem (Mousson)[1].

Quant aux noms propres féminins, il a existé en latin vulgaire une déclinaison en a, ánis : Valeria, Valeriánis, Valeriánem ; on trouve dans des textes du viieviiie siècles des formes comme Maria, Mariánis ; Elia, Eliánis ; de là viendraient les formes en -ain[2].

On a fait entrer dans cette déclinaison les noms propres germaniques féminins en a, comme BertaBertain.

  1. Cf. G. Paris, Romania, XXIII, 321 ; Philippon, Romania, 1902, p. 201.
  2. On trouve aussi, dans les textes de la même époque, nonnánes, nonnains.