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Changements phonétiques

La présence de s, au cas sujet du singulier, ou au cas régime du pluriel, a amené dans certains mots un changement de la consonne finale du radical. Les exemples les plus connus de ce changement sont les suivants : nous rappelons ici quelques faits qui ont été traités en partie dans la Phonétique.

F disparaît : cervus > cer(f)s, cers ; mais cerf au cas régime singulier. De même servus > sers, nervus > ners, mais serf, nerf au cas régime singulier ou au cas sujet pluriel. Ovum + s donne ues (pour uefs), cas régime uef, plus tard œuf ; bovis (pour bos) donne au cas sujet bues, cas régime buef, plus tard bœuf. Le tas sujet pluriel est de même uef, buef.

T se combinait avec s pour donner z : portus > porz. N + s donne nz : annus > anz ; l + s donne lz : gentilis > gentilz, filius > filz.

La présence de s dans les substantifs dont le radical était terminé par l a amené, au xiie siècle, la vocalisation de l : chevals est devenu chevaus, chevels < (capillus) est devenu cheveus, mals > maus, etc. Dans les manuscrits cette finale us était représentée par un sigle qui ressemblait à x : on écrivait chevax, qui correspondait à chevaus ; dans la transcription on a ajouté x (qui déjà représentait us) à l’u représentant l vocalisée et on a eu au pluriel la forme moderne hybride chevaux, cheveux, travaux, etc.

Au xiiie siècle, chevals, chevaus, représentait aussi bien le cas sujet singulier que le cas pluriel régime.

Dans cheveu et dans quelques autres mots, comme chou, genou, où l a été vocalisée a la suite de l’addition de s, u est resté après la disparition de s. Ainsi sur chevels,